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je suis sans toi
sans sang
ni chair
je suis passé dans l’air
à peine
étions-nous perceptibles
saisissables comme le sable
avec la haine entre les grains
l’amour
contenu dans la paume de nos mains
se déversant sur la peau
l’univers
qui se réfléchissait dans nos yeux
et les prochains nuages qui survoleraient
nos corps séparés
je pressentais déjà
l’essence de l’absence
et le saignement de ma vie
jusqu’à la mer
la vague sanglante qui me submergerait
jusqu’à l’âme
le vent qui pousserait ton voilier
loin de moi
un jour
une nuit
il y aurait un phare pour te prévenir du rivage
d’un écueil
de quelqu’un d’autre à aborder
sur une côte inconnue
il y aurait mon ossature abandonnée
ton insignifiance à mes reins
et tout de mon cœur offert aux goélands
TL
Extrait de A quoi bon, la nuit ...
Lunairium/créations Août 2023
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Photo : Matheus Bertelli