C'est quoi la poésie, c'est qui un poète ?

L’écriture m’est venue un jour comme ça, aussi naturellement qu’avoir soif, l’important me semble le contenu, la matière poétique, quelque chose des sentiments sublimés dirai-je, de l’ordre du ressenti, quand l’émotion submerge tout à un moment particulier, et qu’il faille alors tout rapatrier en soi, d’une vague qui a envahie l’espace ou l’on marchait d’un pas tranquille.

Je ne cherche pas à être connu, seulement reconnu avec ceux de ma trempe, c’est tout à fait légitime, jamais une fin en soi.

Au fond peu m’importe l’après-vie du poème, il vit, renaît à chaque lecture, quand un regard nouveau se pose sur les mots agencés, et que l’oreille capte la petite musique de quelqu’un que l’on ne connaît pas, c’est assez troublant, et puis tous ces échos, ces effets miroirs, j’aime bien avoir des coups de foudre poétiques.

Il faut être humble en poésie, c’est la meilleure façon d’entrer en elle, être poète n’est pas un métier, c’est un état d’être, un état vibratoire, la poésie n’est pas faite pour la gloire, et du « à tout prix je veux être connu » je ne suis pour ma part jamais sûr de ce que j’écris, il faut accepter le doute, les tiraillements, les enténèbrements, au bout il y a peut-être la lumière, les mots éblouis qui avaient trempés dans l’encre noire et leurs débordements, leurs excès de vouloir vivre à tout prix, c’est ça je crois la poésie, une éjaculation textuelle plutôt que de voir sa propre image dans un journal avec une sauce autour, enrobée de papier glacé...

Tristan Lunair

Photo : © Mister Lunair 2015